Pour ceux pas dans la game qui seraient intéressés à lire, voici ce que vous devez savoir:
- un noble et son esclave reviennent d'un bal
- ils sont dans un carrosse qui les ramène chez eux dans les rues de la ville
C'est tout. ^^
J'aimerais avoir des feedbacks svp. XD
Et si vous voulez la musique d'ambiance, contactez-moi!
______________________________
- Comment est-ce possible d'être aussi égoïste? pensait-il en écoutant d'une oreille distraite mais quand même fascinée par moment, les paroles de son esclave.
La carrosse fit soudain une légère
embardée. Il entendit le hennissement des chevaux et il eut
l'impression que la gravité n'existait plus. Plusieurs roulades et
fracas plus tard, étourdit, il eut l'impression qu'il y avait du
mouvement près de lui. Il essayait de se concentrer mais la tête
lui tournait, ses oreilles bourdonnaient et sa vue était brouillée.
Il savait dans son brouillard qu'une
demie-minute pour prendre conscience des événements pouvait être
fatal. Il s'obligea à chercher avec les mains à défaut des yeux,
une des portes ou même une fenêtre de l'habitacle. Il fut soulagé
de se sentir seulement courbaturé; à son impression, il n'avait
rien de cassé, ce qui pour lui était déjà un bon point.
A travers les bourdonnements, il
commençait à distinguer des cris étranges et des bruits de
batailles. Sa vue redevenait clair mais il faisait sombre. Il senti
la poignée de la porte sous sa main; le carrosse devait avoir perdu
ses roues en se renversant et tenir en équilibre précaire sur le
marchepied d'après l'angle de la porte.
Il jeta un coup d’œil autour de
lui. Bien sûr, aucun signe de son esclave: s'il n'était pas là,
inconscient ou incapacité, il était sorti sans un seul regard pour
personne. Évidemment. Il poussa la porte qui refusa de s'ouvrir
complètement. Il dut se faufiler adroitement dans l'ouverture en
espérant que son poids ne ferait pas basculer complémentent le
carrosse sur lui.
En posant le pied à terre, il avait
recouvré à peu près tous ses sens. Il était sorti, dans la rue,
mais très près du mur d'un édifice, sans personne pour le voir....
pour l'instant. Il voyait la lumière des flammes (des torches?)
illuminer la rue au dessus du carrosse, il entendait clairement le
bruit de métal s’entrechoquant ou frappant la pierre de l'autre
côté, des cris de combat inhumains et des hennissements de
terreur... Le cocher avait du être éjecté et devait se trouver
dans la mêlée, peut-être blessé, inconscient, ou même mort, le
pauvre.
Il fit un pas vers l’arrière du
véhicule en espérant rester caché et pouvoir se faire une idée de
la situation avant d'agir. La lumière des flammes jouait sur un
énorme objet mouvant.... beaucoup trop gros pour être une armure...
Et il comprit: le dragon! Et comme son cerveau formulait l'évidence,
il cru voir une part des réflexions lumineuses se rapprocher. Il se
jeta d'un bond vers l'arrière du carrosse et roula en priant de ne
pas être écrasé entre le mur et le véhicule.
Il s'immobilisa et entendit un énorme
fracas. Il fit rapidement une analyse visuelle de la situation: le
carrosse était une perte totale et si une main divine ne lui avait
pas fait réaliser que son esclave s'était transformé et bougeait
encore une fois sans considération pour son environnement, il serait
mort écrasé. Et cet esclave était bien là, au milieu de la rue,
dans sa forme gigantesque, en train de se battre contre des créatures
humanoïdes à moitié nues, la peau très foncée, les cheveux en
bataille, gourdin en main. Aucun signe du cocher. Autour, aucun signe
d'autres humains non plus. Mais en tendant l'oreille, il comprit que
tous ces bruits de bataille n'étaient pas dû qu'à ce qui se
passait dans cette rue; la ville était attaquée.
Il n'avait pas d'arme qui pouvait
rivaliser avec des gourdins. Et de toutes évidences, si jamais le
dragon réussissait à s'en sortir vivant, il détruirait beaucoup de
bâtisses et tuerait sûrement les gens qui auraient le malheur de
s'y trouver. Voyant qu'un de ces monstres étranges se précipitait
dans sa direction, il se releva d'un bon, couru vers le dragon et
bondit sur son dos.
S'accrochant du mieux possible à son
cou, il hurla: ''Auress, envole-toi!''
Comme souvent quand il lui disait quelque chose, le dragon refusa et continua ses attaques, donnant des coups de pattes et de tête dans tous les sens. Alors il répéta plus fort, pour que son blason d'esclave s'active et l'oblige à s'envoler. Malheureusement, le dragon mécontent se redressa et battit des ailes, forcé d'obéir, mais le faisant à sa façon.
Comme souvent quand il lui disait quelque chose, le dragon refusa et continua ses attaques, donnant des coups de pattes et de tête dans tous les sens. Alors il répéta plus fort, pour que son blason d'esclave s'active et l'oblige à s'envoler. Malheureusement, le dragon mécontent se redressa et battit des ailes, forcé d'obéir, mais le faisant à sa façon.
Il n'était pas assez bien accroché
et il glissa tout le long du dos, s'écorchant les mains sur les
écailles en essayant de s’agripper. Par chance, il tomba sur le
sol avant que le dragon n'ait pu s'envoler de plus de quelques pieds.
Par contre, le choc lui coupa le souffle et il ne put que trop tard
tenter de hurler un ordre de retour; le dragon, trop loin, ne pouvait
pas entendre.
Les créatures, d'abord repoussées par la manœuvre du dragon, revenaient à la charge vers lui.
Il se releva une nouvelle fois en
s'armant du petit couteau glissé dans sa botte et tenta de se
focaliser sur les hennissements de chevaux pour en déterminer la
localisation. Il ne s'y attarda qu'une fraction de seconde et
s’élança dans une direction; il passa sur le devant des restes du
carrosse, évitant deux ennemis et avisa une ruelle. Heureusement
pour lui, ces choses n'étaient pas très rapides ni très
intelligentes; mais si elles arrivaient à le frapper, vu l'élan
qu'elles donnaient à leur gourdin, elles lui fracasseraient
probablement les os.
Il entra dans la ruelle à toute
allure et failli recevoir un sabot entre les deux yeux. En l'évitant,
il trébucha sur un obstacle et s'écroula sur celui-ci. Le cocher!
Une main refermée sur un pistolet, l'autre sur les rênes de deux
des quatre chevaux. Mort. Le crâne écrasé par derrière et le
corps piétiné par le seul cheval encore en vie. Un des animaux
était étendu au sol, encore secoué de spasmes, deux pattes dans un
angle ambigu et le flan ouvert. L'autre avait des égratignures mais
semblait en état de courir, si ce n'était de son grand état de
panique.
Il ramassa le pistolet et le glissa
dans sa ceinture. Il réussi à attraper les rênes après quatre
tentatives infructueuses. Il tentait de calmer le malheureux animal
de son mieux sans grand succès; de l'ambiance environnante, aux
bruits et grognements, le tout renforcé par son propre état de
stress et l'odeur montante de feu, rien n'était pour l'aider.
Il entendit des sons qui lui
rappelèrent un ricanement mal articulé; les monstres l'avaient
finalement repéré. Il n'avait que quelques secondes, au mieux. Il
coupa d'un coup les rênes reliés au cheval mort et se servi du
cadavre comme tremplin pour enfourcher à cru le cheval affolé qui
se cabra. Mais cette fois, il avait assez d'emprise et de pratique
pour ne pas être désarçonné.
Il hurla dans l'oreille du cheval qui
s’élança hors de la ruelle et choisi lui-même la direction où
il emmenait son indésirable cavalier. Seulement, cela n'avait aucune
importance puisque le cavalier en question ne savait pas où il se
trouvait dans la ville et n'aurait pas su comment rentrer chez lui.
Il réussi à mieux se positionner et
replacer les rênes de façon à pouvoir diriger ou arrêter le
cheval au besoin. Partout où le cheval le menait, c'était de
nouvelles scènes de carnage: fenêtres brisées, portes défoncées,
maisons en feu, des gardes de ville en déroute, des cadavres au sol
ou pendant aux fenêtres...
Il devait arrivé à reconnaître un
indice pour retourner à sa résidence. Rapidement. Il ne pouvait pas
sauver toute la ville, mais il pouvait essayer de sauver ses gens à
lui.
Après ce qui lui paru une éternité
d'horreurs, le cheval s'engagea finalement dans la Grande Rue. En
plus des boutiques ravagées par le feu, il vit des espèces de
chariots de fortune ressemblant à d'immenses brouettes, disséminées
çà et là, et vers lesquelles ces mêmes créatures qui avaient
renversé son carrosse emmenaient des biens de toutes sortes. Il
distingua quelques rares créatures plus grandes et à l'allure moins
humaines encore; elles portaient de longues robes noires et il cru
que leurs visages étaient remplacés par une espèce de calmar dont
les tentacules pendaient sur leur torse. Mais à l'allure où il
allait, devant se concentrer sur les écarts de sa monture et même
ses sauts pour éviter les cadavres jonchant le pavé, il se dit
qu'il devait avoir confondu...
Il repéra la croix de la cathédrale
se dressant au dessus des immeubles et décida de s'y fier pour
retrouver le chemin de sa demeure, se rappelant vaguement l'avoir vu
de sa fenêtre et espérant que ce serait suffisant.
Il eut soudain l'impression que son
cerveau explosait de l'intérieur et cru bien s'évanouir. Il perdit
l'équilibre mais réussi à propulser le haut de son corps vers
l'avant et tomba lourdement sur sa monture en lui agrippant la
crinière de toute ses forces.
Il se força à relever la tête; il
devait suivre la direction de la cathédrale. Il senti quelque chose
de visqueux dans son cou et un goût de sang dans sa bouche mais il
n'avait pas le temps de s'inquiéter de telles broutilles. Il se
redressa et fit un effort particulier pour reconnaître des
bâtiments. Il eu l'impression de tourner en rond des heures mais il
parvint près de chez lui.
Il dû se résoudre à ralentir
l'allure jusqu'au trot. Partout dans l'élégant quartier, des toits
en flammes, des portes défoncées, des carreaux brisées sur tous
les étages, des maisons à l'air éventré.... et des gens affolés
dans la rue entourés des débris de fenêtres et de meubles. Des
blessés, quelques morts, quelques soldats. Des gens revenant de
soirées en tenue d'apparat, d'autres tirés de leur lit en chemise
de nuit, nobles et serviteurs dans le même état fragile et perdu.
Mais à première vue, plus de créature nulle part.
Il s'engagea dans l'avenue de son
domicile en espérant retrouver ses quelques employés bien portant
devant la bâtisse. Mais il lui fallu se rendre à l'évidence:
contrairement à pratiquement tous les hôtels particuliers de
l'endroit, personne ne se trouvait devant le sien, ni mort, ni
vivants. Personne.
Mais l'état de l'édifice ne faisait
pas exception: le pavé était jonché des restes de chaises et de ce
qui avait du être les bustes décoratifs du hall, un reste de
literie déchiré s'était accroché à la balustrade du balcon, la
porte avait été enfoncée brutalement, les fenêtres aux verres
brisés laissaient voir le reflet d'un début d'incendie à l'étage
et à la gauche du rez-de-chassée.
Il arrêta le cheval écumant devant
ce triste spectacle. Pétrifié, il regardait ce désastre sans être
capable de formuler une seule pensée cohérente. Puis, il eu une
illumination: s'ils n'étaient pas devant la maison, ils étaient
peut-être encore à l'intérieur. Peu probable mais possible. Il se
rua dans la demeure.
Le hall était un vrai champ de
bataille mais aucun cadavre à signaler. Il vérifia rapidement le
pistolet pour s'assurer qu'il était chargé et, rassuré sur ce
point, appela ses employés par leur noms en avançant vers les
escaliers. Logiquement, le reste du personnel était peut-être
parvenu à fuir par la porte de service dans le minuscule jardin
arrière et avait réussi à se cacher. Et si les valets et le plus
jeune de ses esclaves se trouvaient à l'étage lors de l'attaque, le
petit savait où et comment se cacher dans la résidence et avait
sans doute pris les valets avec lui....
En espérant qu'aucun n'ait été
trouvé, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur, il mit prudemment le
pied sur la première marche et s'immobilisa. Un son. Un bruit sourd
et infime provenait du fond du couloir. Son bureau? Il ne prononça
plus un mot et se mit à se diriger à pas feutrés dans la direction
du bruit.
Ce n'était sûrement pas l'un des assaillants de la ville, mais peut-être un truand profitant de la panique et surpris de l'entendre... Ou simplement un blessé. Il poussa sur la porte entre-ouverte de son bureau, l'arme au poing. Elle grinça de façon inquiétante et les gongs endommagés cédèrent; la porte s'effondra dans la pièce avec un grand bruit. Il tendit l'oreille, les yeux faisant l'analyse de la pièce: bureau renversé, tiroirs brisés et papiers éparpillés; fauteuil éventré, livres et bibelots envolés. Tout depuis le début lui faisait penser à l'un de ces pillages barbares et irréfléchies qui se produisaient dans de petits villages. Mais se pouvait-il vraiment qu'une ville telle que celle-ci puisse faire l'objet d'une telle attaque de façon aléatoire? Il n'était pas le genre à croire que les hasards existent... Il était plutôt de ceux qui croyaient que tout était personnel et calculé. Contre lui.
Encore ce bruit. Encore plus loin dans
le couloir, vers le quartier des domestiques. Il pressa le pas tout
en restant prudent et silencieux. Il était sur le point de s'engager
dans le couloir maintenant sans porte, menant aux cuisines quand il
se rendit compte que le bruit, désormais plus insistant bien
qu'encore très ténu, provenait de la cave, elle aussi sans porte.
Il s'engagea dans l'escalier de
pierre. Le bruit se faisait plus clair au fur et a mesure qu'il
descendait. Par contre, à mi-chemin, il n'y voyait presque plus
rien; sans lampe, impossible de savoir où ni sur quoi il mettait les
pieds. Il sentit de la fumée lui piquer les narines. On avait mis le
feu aux réserves! Si quelqu'un était pris en bas, il n'en avait
plus pour très longtemps.
Il continua la descente en se disant
que si la fumée n'était pas trop épaisse, il finirait par voir
quelque chose à la lumière des flammes. Et il avait raison; au bas
des marches, le couloir était à peine éclairé par une lueur
orangée provenant des multiples portes enfoncées et la fumée
montante laissait encore assez de visibilité. Des éclats de bois et
de la nourriture couvraient les pierres, des tonneaux avaient été
déplacés dans le couloir puis abandonnés là, certains brisés
d'autres encore entiers.
Le bruit semblait pourtant toujours
étouffé, mais vigoureux et tout autant désespéré. Il appela de
nouveau, souhaitant ardemment ne pas avoir à se battre dans ce décor
apocalyptique. Une seconde de silence puis le bruit changea: ce
n'était plus des coups rythmés mais des cris. Des cris assourdis,
comme emmurés. Il avança encore; il avait l'impression de se
rapprocher mais il voyait la fumée s'épaissir et tentait de
calculer combien de temps il lui restait pour trouver et sortir la ou
les personnes prises ici. Pas beaucoup.
Au milieu du couloir, il y avait un
amoncellement de parties de portes, de caisses vide et un énorme
baril encore intacte. Heureux que les flammes ne s'en soit pas encore
pris à ces décombres, il commença à les contournés et se rendit
compte que les cris venaient d'en dessous. Dessous?! Il remis le
pistolet à sa ceinture et attaqua la pile de détritus, les jetant à
bout de bras au fond du couloir quand c'était possible et les
poussant sur les murs quand ils étaient trop imposants.
La chaleur montait, la fumée devenait
plus noires et plus basse. Il toussait, les yeux lui piquaient mais
il avait réussi à tout retirer. Tout sauf le tonneau. Mais il
voyait les marques d'une trappe et pouvait maintenant mieux entendre
les voix et il reconnu au moins son majordome et son petit esclave.
Il poussa de toute ses forces sur
l'immense baril; il sentit la pression monter à son visage et tout
ses muscles lui firent mal; le tonneau ne bougea que de quelques
millimètres. Et encore, peut-être n'était-ce que son imagination.
En désespoir de cause, il reprit le pistolet et déchargea
entièrement l'arme sur le baril; ce n'était pas avec ces trois
petits trous de balles qu'il se viderait assez ni assez vite pour le
déplacer à bras, mais ce qui en sortirait le temps qu'il cherche ce
qui pourrait servir de levier serait déjà cela de pris.
Une odeur de bière chaude envahit
l'air déjà écœurante. Rien dans le couloir ne serait assez solide
pour résister au poids du tonneau. Mais s'il se souvenait bien, dans
les celliers à viande, il y avait des crochets de métal. Il se
plaça devant la bonne ouverture. Il y avait des flammes le long des
murs où se trouvait les étagères; le bois humides brûlait
lentement et produisait une fumée noire comme l'enfer. Et il se
dégageait une chaleur non moins infernale de la pièce ainsi
chauffée; les crochets seraient sûrement rougis et intouchables. Il
retira sa veste et pria que le damassé doublé et plié trois fois
sur lui-même soit suffisant pour en prendre un, s'il y en avait à
prendre.
Il s’élança à l'intérieur et eût
la chance de localiser immédiatement ce qu'il cherchait: suspendus
au plafonds, les crochets à viandes incandescent donnaient
l'impression de l'attendre. Il prit une grande inspiration par
réflexe en vue de la possible douleur à venir mais s'étrangla sur
la fumée. Tentant de retenir la toux en même temps que sa
respiration complète, il décrocha ce qu'il voulait et se précipita
vers le tonneau en direction duquel il lança sans grande habileté
le bout de métal brûlant. Il le plaça par à-coups sous les
étroits jets de bière mais il n'attendit pas longtemps pour le
reprendre; seulement qu'il ne soit plus rouge.
Il tenta de le planter dans le rebord
du tonneau, mais la veste en damas ne lui donnant aucune liberté, il
n'y arriva pas. Exaspéré, il pris directement le métal dans ses
mains. Il sentit à peine la brûlure dans ses paumes tant l'urgence
se faisait sentir par tout son corps.
Il frappa le tonneau et y introduisit
le bout du crochet puis tira de toutes ses forces pour le faire
pivoter à défaut de pouvoir le faire tomber. Il dû s'y reprendre
pour y arriver. Puis, il se laissa tomber à genoux pour ouvrir la
trappe. Il agrippa la première main tendues qu'il vit et tira. Le
valet de son dragon.
Sans un mot, ce fut une chaîne
humaine où chacun savait d'instinct ce qu'il devait faire pour
sauver sa peau et celles des autres. A genoux, lui et le valet
attrapaient chacun un bras tendu et sortait une personne ensemble. Un
après l'autre, les valets, l'esclave, les femmes de chambres et de
cuisines, la cuisinière et le majordome furent extirpés du trou,
toussant, tremblant mais intactes en apparence.
Aussitôt sortis, ils se dirigeaient
aussi vite que possible vers les escaliers de pierre. Enfin, ce fut
son tour. Arrivée au rez-de-chassée, les flammes avait pris
d'assaut presque tout; le hall n'était plus qu'un couloir dont le
plafond menaçait de s'effondrer. Il couru vers la sortie mais
remarqua juste à temps que le petit valet de son jeune esclave était
resté figé avec de grand yeux au bas des marches transformées en
brasier. Il l'agrippa par la taille et le trimballa comme un sac de
marchandise, ignorant ses hurlements pour lui faire traverser les
quelques mètres les séparant encore de l'extérieur.
Arrivé dehors, il dévala les marches avant de le poser et d'ordonner à tous ces employer de s'éloigner de la maison, jusqu'au bout de l'avenue si possible; la maison finirait peut-être par s'effondrer. Le petit valet se mit à hurler.
- Monsieur! Mon maître est monté à l'étage!
*****
Il poussa le jeune valet vers le majordome en lui criant de l'emmener au bout de la rue. Puis il remonta les marches du perron avec la terreur au ventre. Il ne fit pas plus de quelques pas à l'intérieur avant d'entendre un assourdissant craquement: il leva les yeux juste à temps pour voir l'immense lustre tomber droit sur lui, à peine ralenti par les mécanismes de suspension. Il bondit en arrière, glissa sur un débris à atterrissage, tituba... Le lustre s'écrasa au sol, envoyant des centaines de morceaux de cristal dans toutes les directions. La surprise supplémentaire, accompagnée de la douleur causée par les éclats qui s'enfoncèrent dans sa chair, lui fit perdre le peu d'équilibre qu'il gardait et il se retrouva à débouler les marches.
Il poussa le jeune valet vers le majordome en lui criant de l'emmener au bout de la rue. Puis il remonta les marches du perron avec la terreur au ventre. Il ne fit pas plus de quelques pas à l'intérieur avant d'entendre un assourdissant craquement: il leva les yeux juste à temps pour voir l'immense lustre tomber droit sur lui, à peine ralenti par les mécanismes de suspension. Il bondit en arrière, glissa sur un débris à atterrissage, tituba... Le lustre s'écrasa au sol, envoyant des centaines de morceaux de cristal dans toutes les directions. La surprise supplémentaire, accompagnée de la douleur causée par les éclats qui s'enfoncèrent dans sa chair, lui fit perdre le peu d'équilibre qu'il gardait et il se retrouva à débouler les marches.
A quatre pattes, il peinait à se
relever en maudissant son réflexe de recul: en sautant vers l'avant,
il aurait pu trouver le moyen de monter à l'étage. Maintenant, le
brasier s'était refermé et il serait impossible d'entrer par la
porte d’où jaillissaient des flammes. Deux mains lui encerclèrent
le bras pour le remettre sur ses pieds; le valet du dragon. Ils
étaient les seuls à plusieurs dizaines de mètres dans la rue en
feu de toute part.
- Va-t-en, Austin.
- Non, monsieur. Je reste avec vous pour le petit monsieur.
Il sonda le regard du valet;
déterminé. Ce n'était pas le moment de s'obstiner; s'il restait
une chance à son petit esclave, elle était mince et les secondes
comptaient. Il lui fit un signe de tête et le valet lâcha son bras.
Ils s'élancèrent, un à la suite de l'autre, sur le coté de la
maison pour atteindre le jardin. Espérant que le petit avait été
dans sa chambre située côté cour, il avait l'intention d'escalader
le mur si nécessaire pour rejoindre l'étage. Que le valet reste en
bas pour attraper le petit s'il devait le faire descendre lui-même,
ce n'était pas plus mal.
Le feu n'avait pas encore atteint le
jardin et l'endroit paraissait irréel, presque intact, illuminé du
flamboiement de la maison. Il repéra la bonne fenêtre et calculait
rapidement sa trajectoire mentalement pour atteindre son balcon. Il
vit du coin de l’œil le valet se diriger à la course dans la
direction de la cabane de jardinier... Il n'avait pas le temps
d'attendre une échelle. Il mit les mains sur le mur de pierre,
s'encra comme il le put et monta.
Trois balcons plus loin sur la façade,
un petit tabouret fit voler en éclats le reste des volets de verre.
Le petit esclave déboula sur le balcon, sale, écorché et l'air
paniqué, les bras refermés sur un sac de voyage.
Il sauta à bas du mur et s'éloigna
en appelant le petit.
- Archibald!
- Yorick! Attention!
Attention? La douleur aiguë le
surpris moins que le bruit de craquement qui résonna dans son crâne
et le choc du sol sous son corps. La créature l'avait pris à revers
sans qu'il ne la voit arriver, son attention toute tournée vers le
petit. Elle avait abattu son gourdin sur sa jambe comme on utilise
une hache pour couper un tronc et l'avait fait basculer sur le dos.
Elle le dominait de toute sa stature imposante et entamait déjà un
mouvement de gourdin vers sa tête. Il roula sur lui-même et reçu
des éclaboussures d'herbe et de terre.
Impossible de se lever. Il roula une
seconde fois en sens inverse pour éviter la seconde descente du
gourdin, parfaitement identique à la première. Décidément, cette
créature n'était vraiment pas une lumière; tant mieux pour lui au
fond. Il voyait encore le petit sur le balcon, alterner la vue entre
son combat et le feu dans la pièce derrière lui.
- Archibald, va rejoindre les autres! (Autre roulade.) Au bout de la rue!
Il ne pourrait pas faire ce petit
manège encore longtemps. Il ne pourrait pas plus fuir. Un autre
tour. Il ne pouvait pas miser sur l’imbécillité éternelle du
monstre non plus. Même les plus idiots du monde avaient parfois une
illumination et à ce moment, lui serait perdu. Il devait trouver un
moyen de le désarmer, au moins! Un tour encore. Il vit le petit
sauter de la balustrade, tantôt planant, tantôt battant des bras
pour remonter plus haut, le poids du sac entre ses griffes de pieds
devant le tirer trop rapidement vers le bas.
Son assaillant remarqua le nouveau
joueur dans le ciel, à quelques mètres au dessus de lui et semblant
décider qu'il était plus intéressant, se remit complètement
debout et entama un mouvement d’élan comme pour lancer le gourdin.
Misant tout sur le fait que la créature avait cinquante pour cent de
chance d'être un mâle et devait avoir le même genre de parties
sensibles que lui, il se redressa en position assise et frappa de
toutes ses forces entre les jambes.
Malheureusement, il ne réussi qu'à
reporter l'attention du monstre sur lui. La chose le regardait, le
visage immobile puis pencha la tête de côté comme en
questionnement. Et c'est lui qui eu une illumination: il avait une
arme de défense potentielle devant lui! Il étira le bras pour
attraper le nœud du pagne. Et tira vers l'arrière pour faire tomber
son adversaire.
Sans succès; de toute évidence, la créature était trop forte, trop lourde et très bien encrée au sol. Elle balança le gourdin vers son bras. Il l'évita de justesse en se laissant retomber par terre, plus ou moins près à une autre séance de roulades. Elle fit un pas et chancela avant de baisser les yeux au sol. Il suivi son regard instantanément et vit le pagne en tissu tombé autour des pieds de la créature, maintenant nue. Il l'agrippa avant qu'elle ne fasse un seul mouvement et tira. Il ne la fit pas tomber, seulement tituber de quelque centimètres. Mais il avait son arme: un anneau de tissu.
On fait avec ce qu'on a, après tout.
Il avait dû donner du jeu au pagne quand il avait tiré, mais en
même temps, espérait-il, le nœud devait s'être resserré et être
plus solide. Déjà, le nudiste revenait à la charge. L'heure de
vérité: la réussite ou la mutilation. Au lieu de rouler, il se
redressa à nouveau en position assise. Il pivota sur lui-même alors
que la créature se redressait après avoir enfoncé son gourdin dans
le sol où se trouvait sa tête moins d'une fraction de seconde
auparavant. En gardant une extrémité en main, il tenta d'enlacer le
gourdin avec le cercle de tissu.
Ce fut une victoire facile puisque la
créature ne tenta même pas de l’arrêter. Le mouvement qu'elle
fit pour prendre de nouveau son élan fit glisser le tissu sur son
poignet. Alors il put tirer vers le bas et s'accrocher
férocement au bras entravé. La créature le souleva de terre avec
une facilité qui l'effraya. L'avantage: il pu poser le pied de sa
jambe valide et se tenir en équilibre. Le désavantage: à part se
cramponner à la main qui tenait le gourdin et tenter maladroitement
de le lui faire lâcher, il n'avait pas d'autre option et pas
vraiment de moyen de défense contre l'autre bras de la créature qui
abattait son poing sur toutes les parties de son corps qu'elle
pouvait attendre: flan, dos, rein... Même sans son gourdin, elle
finirait par le brisés en milles morceaux s'il ne trouvait pas rapidement
une idée miraculeuse.
Comme la créature se déplaçait pour
garder son équilibre, déstabilisée par le poids supplémentaire
accroché à son bras, il eu l'idée de tenter le tout pour le tout
pour la faire s'écraser au sol: utiliser sa jambe valide pour
entraver les jambes de l'autre. S'il manquait son coup...
Il entendit une détonation et la
créature s’effondra sur lui, qui s'écroula sous le poids
considérable de la chose. Tout son corps le faisait souffrir et il
avait du mal à respirer, le coude du monstre enfoncé dans son
sternum. Une odeur horrible s'insinuait dans ses narines avec le peu
d'air qu'il y faisait entrer.
*****
*****
Et soudain, on fit rouler le cadavre
sur le côté et il pu engloutir de l'air moins rance. Il vit six
hommes en uniforme de garde nationale autour de lui. Deux éloignaient
le cadavre et un autre autre se penchait sur lui pour l'aider à
s’asseoir. En regardant bien l'uniforme, il remarqua des grades de
capitaine.
- Laissez-moi vous examiner, monseigneur.
- Qu'est-ce que... argh! hurla-t-il alors que l'homme tâtait sa cuisse.
- Le marquis est blessé. Occupez-vous de ça tout de suite!
Un des deux autres s'approcha en
sortant de sous sa casaque un nécessaire de soins et s'attela
efficacement à sa tâche.
- Un de mes esclaves et un valet sont ici quelque part
- J'ai vu un petit bête-homme volant passer par-dessus le mur du jardin, répondit le capitaine.
- C'est mon esclave. Et le valet est parti dans cette direction mais n'est pas revenu.
Il pointa vers la cabane et le
capitaine fit un signe de tête vers ses soldats; deux partirent vers
le fond du jardin et deux autres vers le côté de la maison. Il
remarqua que la lumière avait changer; elle était moins orangée.
Il regarda vers la maison: les flammes diminuaient étrangement vite.
- Nous sommes venu vous chercher, monseigneur. Vous et vos gens, bien sûr.
- Me chercher?
- Oui, monseigneur. Croyez-vous que vous pourrez vous déplacer?
- S'il le faut. Qui vous envoie?
- Monseigneur Horvath. Il vous attend à la cathédrale.
Horvath. Ce nom ne lui disait rien.
Rien du tout.
Les soldats du fond du jardin
revinrent avec un Austin sonné et pansé à la tête au moment où
le soldat terminait les arrangements temporaire sur lui. Ce soldat et
le capitaine l'aidèrent à se lever. Sa jambe était de toute
évidence cassée (encore) au niveau de la cuisse. Mais avec l'atèle,
il pourrait marcher et même peut-être monter un cheval s'il restait
au pas. Ses poignets étaient foulés, mais rien qui l'empêcherait
de dirigée une monture.
Il suivi avec le valet la petite unité
armée; quoi faire d'autre? Devant la maison, des chevaux les
attendaient avec une douzaine d'hommes supplémentaires. Et deux
autres en plus, encapuchonnés, l'air concentré sur la maison.
- Les mages s'occupent du feu, monseigneur. Mais je crains que nous ne soyons arrivés trop tard pour qu'il y ait quelque chose de récupérable.
- Aucune importance, répondit-il, le regard fixé sur la façade noircie. J'avais envie de quelque chose de plus approprié à mon rang. Où sont mes gens?
Le capitaine l'avait dirigé vers les
chevaux et un soldat lui tendait les rênes de l'un d'eux tandis
qu'un autre s’avançait pour l'aider à monter. Il remarqua qu'on
faisait aussi monter Austin.
- Il doivent vous attendre avec monseigneur à la cathédrale, monseigneur.
Pas nécessairement rassurant, en
fait. La présence de mages directement affectés à sa maison alors
que le reste de l'avenue était déserte non plus.
- Merci. Je suppose que vous m'emmenez directement là-bas, que je puisse remercier le seigneur Horvath de sa sollicitude au plus vite.
- En effet, monseigneur.
Il accepta l'aide du soldat et se mit
en selle. Et suivi la petite troupe dans les rues. Partout, la garde
nationale s'était déployée, évacuant les civiles, secourant les
blessés, rendant les rues un minimum praticables, transportant de
l'eau pour éteindre les brasiers. Et, bien qu'ils soient rare, il
repéra quelques mages çà et là occupés à éteindre les feux les
plus gros. Il se demanda si le reste de la ville bénéficiait de
cette aide. Il en doutait.
Même si le chemin ne prit pas
longtemps, il fut heureux de voir la cathédrale se dresser devant
lui; bien que lent, les mouvements du cheval le faisaient souffrir.
Arrivé devant le parvis, on l'aida a descendre et le capitaine lui
demanda de le suivre. Il monta les marches en s'exhortant au calme et
à l'impassibilité; ne pas montrer ses faiblesses, jamais.
Dans la nef, il vit des nobles et des
bourgeois anxieux faire les cents pas, discuter sur les bancs, tandis
que lui remontait l'allée centrale sur les talons du capitaine. Plus
ils approchaient du chœur, plus il sentait les regards intrigués
des gens se poser sur lui. Il suivi le capitaine vers la porte de la
sacristie. Cet homme, ce Horvath, était-il un homme d'église? Un
noble ordonné peut-être.
Le capitaine s'arrêta devant la porte
et frappa.
- Je vous quitte ici, monseigneur. Un homme d'église vous mènera vers monseigneur Horvath à partir d'ici.
- Et mon valet?
- Votre valet a été mené vers les autres membres de votre personnel, monseigneur.
Le capitaine retourna vers la nef. La
porte s'ouvrir sur un prêtre qui le salua respectueusement. Il lui
rendit son salut. Il emboîta le pas à ce nouveau guide qui lui fit
traverser la sacristie puis suivre un dédale de petits couloirs qui
débouchaient dans le minuscule jardin intérieur de la cathédrale.
Bien que petit, il était magnifique, fleuri même de nuit, éclairé
par une multitude de petites lanternes. Au centre, il vit un inconnu
en simple chemise et pantalon posé élégamment sur un banc, une
tasse de thé à la main. Le prêtre s'éclipsa aussitôt que
l'inconnu les remarqua.
- Beauregard! s'exclama l'inconnu
souriant, posant sa tasse avant de se lever d'un mouvement
enthousiaste.
Comme l'inconnu venait à sa
rencontre, il décida de faire un bout de chemin vers lui. Quand ils
se furent rejoint, l'homme lui tendit la main dans un expression
chaleureuse de vieil ami retrouvé. Il s'empressa de la lui serrer.
- Mais dans quel piteux état êtes-vous? Il est rare de vous voir si négligé!
L'homme rit sans trace de moquerie. En
effet, il se doutait qu'il devait faire peine à voir. Du sang séché
dans les cheveux, sur le visage, le cou, et bien sûr partout sur ses
vêtements brûlés et déchirés; une odeur de suie, de feu, de
terre, de bière; des bandages aux mains, aux poignets, à la
jambe... Il devait avoir les yeux injectés de sang, sa voix sonnait
rauque (il le savait pour s'être entendu).
- Je voulais venir remercier au plus vite mon bienfaiteur, fit-il galamment.
- Billevesées ridicules, mon cher! Ne vous tracassez pas pour de telles bagatelles, voyons, ajouta l'homme en glissant un bras amical autour de ses épaules. Vous devez souffrir; venez vous asseoir!
- Je vous remercie.
Ils prirent place sur le banc et c'est
alors qu'il remarqua la petite table de pierre sur laquelle reposait
la tasse, une théière, une coupe et une bouteille d'un excellent
bordeaux. L'homme se pencha pour remplir la coupe du vin capiteux et
la lui tendit. Il s'en emparât, suspicieux, et l'homme reprit sa
tasse. Il gardait ce sourire amical et détendu qui rendait son
invité mal à l'aise.
- Je me suis laissé dire que c'était votre favori et il me semblait que vous en auriez besoin après une telle aventure.
- Je vous suis très reconnaissant de l'intention, monseigneur, mais je ne vois pas ce qui me vaut un tel traitement.
- Vraiment? Oh, il est vrai que nous n'avons jamais été officiellement présentés. Je crois même que vous ne m'avez jamais vu.
- Je comprends que vous même m'aviez déjà vu, monseigneur.
- En effet! Mon titre ne vous dit probablement rien non plus.
- Je l'avoue.
- Je préférerais que nous appelions par nos noms, si cela vous agrée, mon cher.
- Je préférerais savoir d'abord à qui j'ai l'honneur avant d'accepter une telle familiarité. Après tout, je n'ai pas la prétention d'être l'égale de n'importe qui et je ne voudrais pas porter préjudice à un homme valeureux en le traitant de façon cavalière.
- Quel flatteur. Et fin stratège, ajouta Horvath, l'air satisfait.
Il accepta le compliment plein de
sous-entendus d'un hochement de tête.
- Très bien. Je me nomme Stanislas. Stanislas Horvath.
Stanislas. Stanislas.... Ce nom lui
disait quelque chose de vague. Il l'avait déjà entendu, mais dans
un contexte flou...
- Non plus? s'étonna Horvath.
- J'en suis navré.
- Oh! Ne le soyez pas. Je m'efforce à garder ma vie privée, comme vous au fond. Rares sont les gens qui savent qui je suis. En fait, je dirais que moins d'une vingtaine savent dans le monde entier... Mais avec votre réputation et votre diligence, je croyais que vous auriez eu connaissance de mon nom.
Il commençait à craindre des
répercussions sévères à son ignorance. Avait-il été si
négligent? Il étudiait Horvath depuis son arrivée et n'avait rien
remarqué de.... sa bague. Le bijoux était inversé de façon à en
caché l'ornement. Une chevalière?
- Mais cela n'a aucune importance. Rien ne peut diminuer mon respect pour vos réussites passées ni mon intérêt pour celles futures.
Il faisait sombre dans les rues,
l'éclairage était ambiguë, ses yeux avaient du mal.... et si les
casaques n'étaient pas noires? Il se leva d'un bon, oscilla
légèrement sur sa bonne jambe et s'inclina devant l'homme.
- Je suis navré, monseigneur! Je n'avais pas les idées claires, je n'avais pas réalisé.
Horvath, d'abord surpris, éclata d'un
rire joyeux.
- Rassoyez-vous avant de vous casser la figure, jeune sot. (Il s'exécuta lentement, sans quitter Horvath des yeux.) Que vous ayez réalisez ne change pas ma demande. Accepterez-vous que je vous appelle Yorick? Et m'appellerez-vous Horvath?
- Monseigneur, je... Je serai honoré que vous m'appeliez par mon nom. Mais je ne crois pas que..
- Tss, tss, tss! Ne me privez pas de votre amitié.
- Mon amitié?
- Vous êtes une étoile filante, mon cher. Beaucoup vous remarque.
- Je ne crois pas...
- Allons, pas de fausse modestie entre nous.
- Vous vous méprenez. Je voulais simplement signifiez à votre seigneurie que je ne travailles pour personne en particulier.
- Oh! C'est vous qui vous méprenez. Je n'ai pas l'intention d'essayer de m'accaparer vos services. Je ne suis pas un Birham. (Était-ce sensé le rassurer?) Non, non! J'étais tout à fait honnête dans mon offre d'amitié. Seul un idiot sous-estimerait votre potentiel.
- Je suis flatté, vraiment, fit-il en s'inclinant.
- Alors?
- Je vais faire mon possible pour me voir tel que vous me voyez, Horvath.
- Merveilleux!
Ils burent quelques gorgées en
silence. L'un à l'air satisfait, l'autre à l'air impassible,
donnant l'impression de ne pas croire à sa bonne fortune. La vérité
sur lui était tout autre: il essayait de trouver ce qui le
dérangeait autant. Comme s'il avait oublié un détail insignifiant
en apparence mais qui allait lui causer les pires ennuis.
- Mon cher, reprit Horvath, je sais qu'il vous tarde de rejoindre vos gens.
- En effet. Et je suppose que de secourir une telle cité avec votre garde personnelle apporte aussi son lot de chose à faire.
- Tout à fait! Alors je vais aller droit au but. Vous avez une dette envers moi. Votre réputation me fait croire que vous avez une mentalité similaire à la mienne en ce qui à trait à l'éthique. Les bons comptes...
- … font les bons amis.
Nous y étions. Le piège se
resserrait. Cet homme était dangereux et il le tenait entre ses
mains. Il lui faudrait manœuvrer doucement
- Oui, bien sur. Comment pourrais-je vous remercier d'avoir été si diligent en envoyant vos hommes chez moi?
Horvath faillit s'étrangler de rire
sur son thé. Toussotant, le sourire aux lèvres, il lui fit un signe
de la main lui faisant comprendre que cela n'avait rien à voir.
- Non, non, non! Qui vous demanderait quelque chose en échange d'une telle futilité? Ce sont de simples civilités entre voisins. Cette ville m'appartient en grande partie de toute façon. J'étais à l'autre bout du monde et j'ai du revenir in extremis. C'est plutôt à moi de m'excuser. La sécurité des habitants de cette ville est ma responsabilité en quelque sorte.
- Ah?
- Oui, je suis comme vous. J'aime prendre soin de ce qui m'appartient. Et d'ailleurs, nous avons déjà établie que je ne suis pas un Birham.
- Loin de moi l'idée de vous comparer.
- Bien sûr. N'en parlons plus. Non, la dette que vous avez envers moi est tout autre et personnelle. Et je suis sûr que nous trouverons rapidement comment clore cet épisode.